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(PDF) « Capitalisme technoscience et sante mentale » (2014)

« Capitalisme technoscience et sante mentale » (2014)

in Le Grand soir, 20 11 2014 Capitalisme, technoscience et santé mentale legrandsoir.info/capitalisme-technoscience-et-sante-mentale.html 20 novembre 2014 Michel WEBER Le génocide est bien le rêve des pouvoirs modernes. (Foucault, La Volonté de savoir [1] On suggère le lien existant entre capitalisme, technoscience et manipulation mentale en s'attardant sur l'électrification des « chaînes de soins ». On insiste particulièrement sur le court-circuit immédiat qui eut lieu entre la découverte de l'activité électrique des systèmes musculaire et nerveux central et la volonté de les manipuler. Trois étapes scandent l'argument : la définition du capitalisme, de son lien avec la technoscience, et l'exploration du rapport historique qui existe entre électroscience et santé mentale. 1. Le capitalisme biocidaire Le capitalisme est notoirement difficile à définir. Historiquement, il est intrinsèquement lié au libéralisme dont les deux faces, politique et économique, sont inséparables. Pratiquement, il nomme simplement le système social qui attribue tous les avantages politiques aux détenteurs du capital et aucun (ou le moins possible) au prolétariat. Rien de plus facile pour le capitaliste, par exemple, que d'éluder l'impôt tandis que le travail est surtaxé et que la fraude n'atteint jamais les proportions astronomiques de l'évasion fiscale. Qui a jamais entendu dire que le coût du capital est trop élevé ? Le capitalisme nomme aussi la technique de reproduction de ces inégalités sociales. Théoriquement, on peut parler de système d'exploitation totale visant à maximiser le profit privé et la concentration du pouvoir. Dans les faits, tout est marchandise ou ressource (humains, faune, flore, …), partout (la marchandisation est totale : sphères publiques et privées, nationales et internationales, …) et en tous temps : la marchandisation est synchronique mais également diachronique ; des ressources qui ont mis des millions d'années à cristalliser peuvent être épuisées en deux siècles ; les générations futures n'ont à proprement parler aucuns droits. En amont, on trouve donc un biocide : la nature n'est qu'un réservoir de ressources à exploiter et une vaste poubelle. De même, en aval, la nature est métamorphosée en marchandises et en techniques. Berlan résume cela très bien en remarquant que l'industrie biotechnologique cherche la stérilisation de toutes les formes de vie afin de substituer la production à la reproduction [2]. En conclusion, parler de capitalisme génocidaire demeure rhétoriquement porteur, mais il faut savoir que, volens nolens, c'est la destruction de toutes les formes de vie qui est programmée, pas uniquement celle de populations « de couleur », ainsi que, s'il échet, leur