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(DOC) Conference sur Dewe Gorode: la terre

Conference sur Dewe Gorode: la terre

Je ne suis pas spécialiste de Déwé Gorodé mais j'ai eu l'occasion de lire ses textes alors que je travaillais sur le corps océanien. C'est est une figure majeure de la Nouvelle Calédonie puisqu'elle est à la fois première poétesse francophone kanak et aujourd'hui ministre de la condition féminine et de la citoyenneté. Elle publie pour la première fois dans les années 80 le recueil poétique « Sous les cendres des conques » dans lequel elle laisse éclater une poésie militante, nourrie aux idéaux marxistes qu'elle a découverts à Montpellier où elle est allée faire ses études et où elle côtoie les mouvements contestataires de l'après-Mai 68. Comme elle l'explique, « La conque, c'est ce grand coquillage qu'on utilise pour appeler le clan, les Kanaks, à la réunion dans la case commune. « Sous les cendres … », c'est ce qui restait des conques, de l'unité kanak, du fait d'être ensemble. Qu'est-ce qui en est resté après les délimitations des territoires et l'institution des réserves ? On est devenu une société fortement éclatée, divisée. Cet éparpillement des clans kanak, cette perte a provoqué l'éclatement de nos valeurs, de notre unité qu'on a retrouvée par la suite dans la lutte pour la libération nationale. J'ai publié le recueil à un moment où cette unité commençait à se retrouver dans la lutte politique ». De fait, après l'obtention de la licence de Lettres, elle rentre au pays et s'engage dans la lutte pour l'indépendance puisqu'elle milite au sein des « Foulards Rouges » et du « Groupe 1878 » qui sont deux groupes indépendantistes révolutionnaires. En 1976, elle participe à la création du Palika qui est l'une des composantes du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) où, chargée des relations extérieures, elle participe à des missions du front indépendantiste notamment dans le Pacifique, en Australie, en Algérie, au Canada, à Mexico et à l'ONU. Elle sera emprisonnée à trois occasions pour son implication au sein de ces groupes ainsi que pour ses écrits politiques. Mais son combat vise aussi l'émancipation sociale des femmes, doublement assujetties par le système colonial et par les hommes au sein de la tribu. En 1992, elle participe à une mission de femmes au Mali conduite par Mme Marie-Claude Tjibaou. De 1992 à 2001, elle dispense des cours d'histoire de la littérature du Pacifique et de littérature mélanésienne contemporaine à l'université de Nouméa. Elle a été vice-présidente du