Books by Sophie Lécole Solnychkine
GRADALIS n°2, 2019
Cette deuxième livraison de la revue Gradalis fait suite à Limitis, premier opus qui, à même l’es... more Cette deuxième livraison de la revue Gradalis fait suite à Limitis, premier opus qui, à même l’espace-frontière pyrénéen qui constitue le terrain d’exercice de la revue, a pratiqué des explorations à l’oblique, des régimes d’arpentage non « tirés au cordeau », pour reprendre la formule de Victor Hugo qui introduisait le volume, dans la perspective de réaliser un guide de voyage échappant aux modèles codifiés du genre. De la frontière pyrénéenne, les notations paysagères (textes, dessins, photographies, tracés cartographiques) du premier volume ont opéré le relevé des zones indéterminées, des friches, des territoires laissés pour compte, et ont contribué à nourrir l’exercice de fictions paysagères. De page en page, le recueil des impressions et le croisement des regards a permis la fabrique d’un lieu tiers, métis, commun au bon sens du terme. De ces premières esquisses a émergé un objet qui se singularise par son approche fragmentaire, a-hiérarchique. C’est dans la poursuite de cette ligne que s’inscrit ce nouvel opus.
Si les territoires de la frontière pyrénéenne en forment toujours le cadre de pratique, cette fois il ne s’agit plus d’y explorer, à l’horizontale, un réservoir de marqueurs identitaires, constituant – bien qu’en pointillés – cette ligne de démarcation entre deux Etats, mais plutôt d’investir leur verticalité, en tant que « multicouche » où se déposent des régimes de stratification, de sédimentation, des érosions, des fossiles, des configurations étagées.
Visions minérales : loin des sentiers du tourisme montagnard, balisés par sa conception classique (sites patrimoniaux, classement UNESCO, etc.) il s’agit de renouveler, par les détours de la vision, ce que peut être la visite. L’expression invite à prendre à parti ces deux termes, pour ce qu’ils conjuguent. Il s’agit d’engager des exercices de fiction (visuels aussi bien que textuels) à partir du terrain et de ses ressources matériologiques. Entendue en ce sens, l’expression « visions minérales » présuppose que l’on va s’adonner à un régime de vision (et corrélativement, de représentation paysagère) qui échappe au panoramique comme aux codifications géométriques qui règlent la vision d’ensemble. Cette proposition se démarque des référents historiques et culturels de la conception occidentale du paysage, lorsqu’ils proposent une alternative à la structure d’horizon, c’est-à-dire au paysage qui « s’estend jusqu’où la veüe peut porter », lorsqu’ils substituent aux lignes de perspective des « lignes de terre ».
Aux confins du monde humain, en Antarctique, un organisme mystérieux est découvert dans la glace ... more Aux confins du monde humain, en Antarctique, un organisme mystérieux est découvert dans la glace par une équipe de scientifiques. Exhumée et réanimée, la Créature de The Thing de John Carpenter constitue une énigme pour le regard. Chacune de ses manifestations à l’écran la présente sous un jour différent, portant sa figuration à un excès qui met la description en défaut : un malamute de l’Alaska, des restes humains bicéphales calcinés, un chien dont le faciès explose en déhiscences florales, une tête humaine mobile dotée de cornes d’escargot et de pattes d’araignée. L’impossibilité de saisir une forme stable de cette Chose porte le doute sur la nature de tout corps représenté à l’image, humain comme animal. La variabilité de la Créature, sa façon d’étendre son organisme en amalgamant des corps étrangers, invitent à traiter de cette (in)figure filmique sous le régime de la viscosité. Un décentrement du regard, laissant la question de la forme pour celle du matériau, permet d’imaginer une approche matériaulogique du cinéma. Les puissances esthétiques du matériau étendent les effets de la Créature à des images dont elle est parfois absente. Il faut, en de telles circonstances, délaisser la question du monstre au cinéma pour envisager celle du monstre de cinéma. Que signifie, au-delà du simple ressort diégétique, la nature métamorphique de la Créature ? Que peut-elle nous donner à penser, au niveau élargi d’une réflexion sur la nature des figures filmiques ? En endossant une perspective attentive à la question du matériau, cet ouvrage propose, à partir du film de John Carpenter, une réflexion traversant l’histoire de l’art, la littérature fantastique, l’esthétique et la philosophie de l’art, se renouvelant au contact d’opérateurs empruntés à la biologie et à la physique.
Gradalis - Carnets de topoïétique n°1.
Gradalis est une nouvelle revue en arts développée par le... more Gradalis - Carnets de topoïétique n°1.
Gradalis est une nouvelle revue en arts développée par le Groupe de recherche sur les arts du lieu, les arts de l’interprétation et les pratiques sonores, qui adopte la forme de carnets d’artistes (notations paysagères sous toutes leurs formes, textes de fiction). Elle propose une alternative au guide touristique classique en invitant le lecteur à emboîter le pas et à prolonger le trait esquissé par les propositions réunies. Elle vise à explorer les territoires de la frontière, sur le mode du fragment, dans la pluralité de ses lectures, interrogeant son tracé à même le paysage. Elle s’adresse à un public large, à tous ceux qui arpentent les paysages en quête de points de vue singuliers, comme à ceux qui prennent plaisir à les parcourir page à page.
Zone-tampon, incertaine, vacillante, où se rencontrent les projections identitaires de peuples voisins, la frontière est cette ligne symbolique de limite, de clôture, de césure, entre deux espaces géographiques et politiques distincts. C’est le lieu où un ensemble de marqueurs, de signes, déjoue la continuité pourtant réelle de l’espace.
Limitis, Hodologies de la frontière propose des expériences de cheminement, d’arpentage, de promenade, où sept regards viennent conjuguer les possibilités de découverte de lectures poétiques. La frontière devient un espace inédit où rencontrer les délaissés du tourisme ordinaire, où se pencher, se laisser tourner la tête par les petits – mais malins – génies du lieu.
ISBN : 979-10-94898-16-1
160 x 210 mm
192 pages
20 €
Parmi les nombreux thèmes de réflexion chers à Marc Ferniot (l’écriture musicale, le Neutre (Rola... more Parmi les nombreux thèmes de réflexion chers à Marc Ferniot (l’écriture musicale, le Neutre (Roland Barthes), le kairos, les formes contrapuntiques, les lieux communs, l’ekphrasis, ou encore le principe dialogique…), il en est un qui paraît, sinon organiser, du moins éclairer la multiplicité de ses centres d’intérêt : le singulier. Une phrase fameuse de Marcel Proust : “C’est à la cime même du particulier qu’éclôt le général” , que Marc Ferniot se plaisait à citer, voire à paraphraser : “C’est à l’acmé du singulier qu’éclôt l’universel”.
Ce thème du singulier, dans la perspective de sa tension vers l’universel, c’est celui qui est ici développé, dans les champs connexes des arts plastiques, de la poïétique, de l’esthétique et de la philosophie, afin de rendre un hommage à l’excellence d’une pensée, aiguisée et généreuse, qui continue de vivifier le débat en recherche-création.
Papers by Sophie Lécole Solnychkine
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Jun 1, 2022
Penser le cinéma à partir des matériaux, Une lecture cinématographique de Donna Haraway Dans la l... more Penser le cinéma à partir des matériaux, Une lecture cinématographique de Donna Haraway Dans la lignée de ses précédents travaux, Donna Haraway propose, avec Staying with the Trouble, Making Kin in the Chthulucene 1 , une réflexion singulière qui se tient à la croisée des sciences du vivant, de la philosophie, de l'anthropologie et des théories féministes. Investissant les récents développements de la biologie de l'évolution, notamment la notion de symbiogénèse 2 , elle propose de penser les agencements qui unissent les créatures de Terra 3. L'ouvrage se présente comme une critique de la notion d'Anthropocène, laquelle reste selon l'auteure encore trop centrée sur l'humain, quand c'est de se décentrer qu'il s'agit afin de penser et d'expérimenter des modes d'entraide avec une myriade de créatures non-humaines. Pour vivre dans le monde abîmé qui est le nôtre, il faut trouver des manières d'exercer notre responsabilité (qu'Haraway écrit « response-ability », désignant dès lors également notre capacité de réponse au monde) de terrien en créant des réponses sympoïètes 4 au monde, qui permettraient, à terme, de le régénérer.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Oct 1, 2019
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - Université Toulouse - Jean Jaurès, 2019
International audienc
Entrelacs, 2007
Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019. Tous droits réservés Excroissances du ... more Ce document a été généré automatiquement le 19 avril 2019. Tous droits réservés Excroissances du séquoïa de Vertigo dans La Jetée et L'Armée des 12 singes Sophie Lecole-Solnychkine et Arnaud Despax « L'image est ce en quoi le maintenant rencontre l'autrefois, en une fulgurance, pour former une constellation neuve »
Travail de commande pour la région PACA, l'album Provincia antiqua vise à mettre en lumière le pa... more Travail de commande pour la région PACA, l'album Provincia antiqua vise à mettre en lumière le patrimoine des Antiques de Provence. Loin de construire une image figée de ces monuments dont le temps et l'histoire nous séparent, Gabriele Basilico les intègre, par de nombreux processus plastiques (cadrage, composition, régimes chromatique et texturologique), à la continuité matérielle de l'urbanisme contemporain. Mobilisant les références canoniques de l'imagerie des ruines, Basilico parvient à trouver, dans la quotidienneté de ces dernières, le point de rencontre entre l'usure et l'usage.
International audienceAux confins du monde humain, en Antarctique, un organisme mystérieux est dé... more International audienceAux confins du monde humain, en Antarctique, un organisme mystérieux est découvert dans la glace par une équipe de scientifiques. Exhumée et réanimée, la Créature de The Thing de John Carpenter constitue une énigme pour le regard. Chacune de ses manifestations à l’écran la présente sous un jour différent, portant sa figuration à un excès qui met la description en défaut : un malamute de l’Alaska, des restes humains bicéphales calcinés, un chien dont le faciès explose en déhiscences florales, une tête humaine mobile dotée de cornes d’escargot et de pattes d’araignée. L’impossibilité de saisir une forme stable de cette Chose porte le doute sur la nature de tout corps représenté à l’image, humain comme animal. La variabilité de la Créature, sa façon d’étendre son organisme en amalgamant des corps étrangers, invitent à traiter de cette (in)figure filmique sous le régime de la viscosité. Un décentrement du regard, laissant la question de la forme pour celle du matér...
Implications philosophiques, 2015
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Books by Sophie Lécole Solnychkine
Si les territoires de la frontière pyrénéenne en forment toujours le cadre de pratique, cette fois il ne s’agit plus d’y explorer, à l’horizontale, un réservoir de marqueurs identitaires, constituant – bien qu’en pointillés – cette ligne de démarcation entre deux Etats, mais plutôt d’investir leur verticalité, en tant que « multicouche » où se déposent des régimes de stratification, de sédimentation, des érosions, des fossiles, des configurations étagées.
Visions minérales : loin des sentiers du tourisme montagnard, balisés par sa conception classique (sites patrimoniaux, classement UNESCO, etc.) il s’agit de renouveler, par les détours de la vision, ce que peut être la visite. L’expression invite à prendre à parti ces deux termes, pour ce qu’ils conjuguent. Il s’agit d’engager des exercices de fiction (visuels aussi bien que textuels) à partir du terrain et de ses ressources matériologiques. Entendue en ce sens, l’expression « visions minérales » présuppose que l’on va s’adonner à un régime de vision (et corrélativement, de représentation paysagère) qui échappe au panoramique comme aux codifications géométriques qui règlent la vision d’ensemble. Cette proposition se démarque des référents historiques et culturels de la conception occidentale du paysage, lorsqu’ils proposent une alternative à la structure d’horizon, c’est-à-dire au paysage qui « s’estend jusqu’où la veüe peut porter », lorsqu’ils substituent aux lignes de perspective des « lignes de terre ».
Gradalis est une nouvelle revue en arts développée par le Groupe de recherche sur les arts du lieu, les arts de l’interprétation et les pratiques sonores, qui adopte la forme de carnets d’artistes (notations paysagères sous toutes leurs formes, textes de fiction). Elle propose une alternative au guide touristique classique en invitant le lecteur à emboîter le pas et à prolonger le trait esquissé par les propositions réunies. Elle vise à explorer les territoires de la frontière, sur le mode du fragment, dans la pluralité de ses lectures, interrogeant son tracé à même le paysage. Elle s’adresse à un public large, à tous ceux qui arpentent les paysages en quête de points de vue singuliers, comme à ceux qui prennent plaisir à les parcourir page à page.
Zone-tampon, incertaine, vacillante, où se rencontrent les projections identitaires de peuples voisins, la frontière est cette ligne symbolique de limite, de clôture, de césure, entre deux espaces géographiques et politiques distincts. C’est le lieu où un ensemble de marqueurs, de signes, déjoue la continuité pourtant réelle de l’espace.
Limitis, Hodologies de la frontière propose des expériences de cheminement, d’arpentage, de promenade, où sept regards viennent conjuguer les possibilités de découverte de lectures poétiques. La frontière devient un espace inédit où rencontrer les délaissés du tourisme ordinaire, où se pencher, se laisser tourner la tête par les petits – mais malins – génies du lieu.
ISBN : 979-10-94898-16-1
160 x 210 mm
192 pages
20 €
Ce thème du singulier, dans la perspective de sa tension vers l’universel, c’est celui qui est ici développé, dans les champs connexes des arts plastiques, de la poïétique, de l’esthétique et de la philosophie, afin de rendre un hommage à l’excellence d’une pensée, aiguisée et généreuse, qui continue de vivifier le débat en recherche-création.
Papers by Sophie Lécole Solnychkine
Si les territoires de la frontière pyrénéenne en forment toujours le cadre de pratique, cette fois il ne s’agit plus d’y explorer, à l’horizontale, un réservoir de marqueurs identitaires, constituant – bien qu’en pointillés – cette ligne de démarcation entre deux Etats, mais plutôt d’investir leur verticalité, en tant que « multicouche » où se déposent des régimes de stratification, de sédimentation, des érosions, des fossiles, des configurations étagées.
Visions minérales : loin des sentiers du tourisme montagnard, balisés par sa conception classique (sites patrimoniaux, classement UNESCO, etc.) il s’agit de renouveler, par les détours de la vision, ce que peut être la visite. L’expression invite à prendre à parti ces deux termes, pour ce qu’ils conjuguent. Il s’agit d’engager des exercices de fiction (visuels aussi bien que textuels) à partir du terrain et de ses ressources matériologiques. Entendue en ce sens, l’expression « visions minérales » présuppose que l’on va s’adonner à un régime de vision (et corrélativement, de représentation paysagère) qui échappe au panoramique comme aux codifications géométriques qui règlent la vision d’ensemble. Cette proposition se démarque des référents historiques et culturels de la conception occidentale du paysage, lorsqu’ils proposent une alternative à la structure d’horizon, c’est-à-dire au paysage qui « s’estend jusqu’où la veüe peut porter », lorsqu’ils substituent aux lignes de perspective des « lignes de terre ».
Gradalis est une nouvelle revue en arts développée par le Groupe de recherche sur les arts du lieu, les arts de l’interprétation et les pratiques sonores, qui adopte la forme de carnets d’artistes (notations paysagères sous toutes leurs formes, textes de fiction). Elle propose une alternative au guide touristique classique en invitant le lecteur à emboîter le pas et à prolonger le trait esquissé par les propositions réunies. Elle vise à explorer les territoires de la frontière, sur le mode du fragment, dans la pluralité de ses lectures, interrogeant son tracé à même le paysage. Elle s’adresse à un public large, à tous ceux qui arpentent les paysages en quête de points de vue singuliers, comme à ceux qui prennent plaisir à les parcourir page à page.
Zone-tampon, incertaine, vacillante, où se rencontrent les projections identitaires de peuples voisins, la frontière est cette ligne symbolique de limite, de clôture, de césure, entre deux espaces géographiques et politiques distincts. C’est le lieu où un ensemble de marqueurs, de signes, déjoue la continuité pourtant réelle de l’espace.
Limitis, Hodologies de la frontière propose des expériences de cheminement, d’arpentage, de promenade, où sept regards viennent conjuguer les possibilités de découverte de lectures poétiques. La frontière devient un espace inédit où rencontrer les délaissés du tourisme ordinaire, où se pencher, se laisser tourner la tête par les petits – mais malins – génies du lieu.
ISBN : 979-10-94898-16-1
160 x 210 mm
192 pages
20 €
Ce thème du singulier, dans la perspective de sa tension vers l’universel, c’est celui qui est ici développé, dans les champs connexes des arts plastiques, de la poïétique, de l’esthétique et de la philosophie, afin de rendre un hommage à l’excellence d’une pensée, aiguisée et généreuse, qui continue de vivifier le débat en recherche-création.
This epistemological way of reading can be defined as a quest for the Neutral, insofar as it refuses the convenient reading of the world thanks to structural oppositions and it endeavours instead to locate in the landscape invitations to break away from usual meanings. The Neutral thus understood calls for a plastic « poeitics » of the Neutral, with aesthetic, ethic and political implications in landscape theory, which could offer an understanding of poetics as the assumption of singularity.
Keywords : Neutral – reading – aesthetic – poietics – landscape – Nature – artifice – epistemology – ontology – sophistics – logos – « logology » – fiction – plasticity – « artialisation » – « topoietics » – mimêsis – interpretation – hermeneutics – ekphrasis – third term – binarism – romantic – copresence – dialogism – dialectic – reverses – palimpsest.
Cette piste épistémologique de la lecture se définit comme une recherche du Neutre, dans la mesure où elle s’écarte de la commodité consistant à lire le monde à partir d’oppositions structurantes, pour s’attacher à repérer dans le paysage des invitations au déport ou au débord de ces oppositions. La compréhension du Neutre ainsi mise au jour appelle la proposition d’une poïétique plastique du Neutre, dont les implications tout à la fois esthétiques, éthiques, et politiques, dans la sphère du paysage, pourraient offrir une compréhension de la poïétique comme une assomption du singulier.
Mots-clés : Neutre – lecture(s) – esthétique – poïétique – paysage – Nature – artifice – épistémologie – ontologie – sophistique – logos – logologie – fiction – plasticité – artialisation – topoïétique – mimêsis – interprétation – herméneutique – ekphrasis – troisième terme – binarisme – romanesque – coprésence – dialogisme – dialectique – envers – palimpseste.
Au-delà de l’effet d’annonce, le traitement esthétique réservé par le cinéaste aux végétaux dans ses films confirme la tendance, et relève de ce que nous pourrions qualifier, par provision, d’une éthique du végétal. Investis d’une fonction sémantique, les éléments de la flore (branches, fleurs, arbres, haies, broussailles, champs cultivés, prairie endémique du sud-ouest américain) dans les films d’Elia Kazan débordent une catégorisation simpliste qui viserait à opposer nature artificialisée et puissances du wilderness. Véritables enjeux éthiques, ils servent de relai symbolique au traitement de la fiction, ils questionnent les usages humains et animaux du monde, ils interrogent la frontière entre terre et territoire, ils orchestrent et redistribuent les assignations catégorielles, et permettent, in fine, de repenser les lignes de partage autotracées, tant biologiques qu’ontologiques. Ce faisant, ils rejouent, depuis l’image, la partition entre formes essentielles et ornementales, plus largement : entre éthique et esthétique.
En plongeant dans les œuvres de la Pré-Renaissance et de la Première Renaissance italiennes, nous nous intéresserons tant aux opérations mentales (lien avec la pensée philosophique de la nature, mais aussi avec le développement de la connaissance scientifique) qu’aux gestes plastiques (invention de la perspective, évolution du dispositif du tableau) qui permettent la naissance du paysage pictural.